UN SECTEUR A FORT POTENTIEL

L’industrie alimentaire est l’un des secteurs qui ont de l’avenir en Afrique subsaharienne. Selon les estimations de la Banque mondiale, le marché africain de l’alimentaire et des besoins devrait atteindre 1000 milliards de dollars d’ici 2030. A titre de comparaison, ce marché représente actuellement 313 milliards de dollars. Il devrait donc tripler, avec à clé davantage d’emplois, une plus grande prospérité, une population mieux nourrie et un net élargissement des opportunités, ce qui permettra aux agriculteurs africain en général et malagasy en particulier d’être compétitifs sur les marchés mondiaux.

Madagascar tirera particulièrement profit de cette croissance du marché alimentaire. Sa superficie et son emplacement géographique donnent des atouts à la Grande île. De plus, le pays compte 22 millions de consommateurs. La prédominance de l’agriculture biologique le positionne également sur des marchés à l’export en constante croissance.

Les données de l’institut national de la statistique (INSTAT) permettent d’avoir une certaine idée du développement du secteur. Selon INSTAT, « la fabrication de produits alimentaires et l’industrie des besoins occupent une place importante dans l’agencement de la structure du secteur industriel malagasy et donc de l’appareil productifs de l’économie malagasy ». Une étude de CREAM révèle que l’agro-industrie, notamment l’industrie alimentaire et l’industrie des besoins sont deux secteurs à fort potentiel pour Madagascar. Ces branches d’activités porteuses sont celles qui ont toujours affiché, d’une part, au taux de croissance annuel composé positif au cours de 4 périodes (1985-1992, 1992-1999, 1999-2006 et 2006-2012), et d’autre part, on affiche une parte relativement importante ( supérieur à 10%) dans la formation de la valeur ajoutée du secteur industriel.

L’industrie alimentaire a connu une croissance de 1.12% entre 1985 et 1992. Entre 1996 et 2006, le secteur affichait une croissance de l’ordre de 0.28% par an. Le secteur a connu un boom à partir de l’année 2006, avec un taux de croissance de 2.76% par an jusqu’en 2012. Depuis 1985 jusqu’à nos jours, le secteur affiche une croissance soutenue. Il occupe une place importante dans l’industrie avec une part moyenne de 20.23% entre 1985 à 1999 et de 17.97% de 2006 à 2012. Les matières premières, généralement l’origine locale, donnent des avantages comparatifs aux industries alimentaires. De plus, la plupart sont biologiques et disponible toute l’année. L’irrégularité des approvisionnements en matières premières constitue cependant un des problèmes soulevés par les industries locaux pour l’approvisionnement sur place. La coopération avec des organisations paysannes en est la solution adaptée. Sinon, la faiblesse du recteur réside dans la vétusté des machines dont la capacité de production est également faible. Mais les unités de production sont généralement de grande taille.

MADAGASCAR, FUTUR GRENIER DE LA RÉGION OCÉAN INDIEN

Madagascar est un pays étalé sur 587 040 km². Le pays dispose de 18 millions d’hectares de superficie cultivable mais seulement 3.55 millions d’hectares, soit 6% du territoire sont cultivés. Le pays représente 22 millions de consommateurs. Il y a aussi intégration régionale de Madagascar, l’augmentation de la demande en produits alimentaire au sein du pays membres de ces zones et d’accroissement de la demande au-delà de ces régions. La France, les îles de l’océan Indien, la SADC, le COMESA, l’Afrique subsaharienne veulent faire de Madagascar leur grenier. Le pays de la capacité de se positionner en tant que tel et cette demande devrait s’accompagner du développement de l’industrie agroalimentaire vu la potentialité du pays. En effet, las matières premières sont disponibles sur place. C’est la transformation qui manque.

La structure favorable du coût de main-d’œuvre et du prix des matières premières accompagnée de l’objectif d’augmenter la production agricole (agriculture, élevage et pêche) devrait permettre de développement de l’agrobusiness, en particulier celui du sous-secteur de l’industrie agroalimentaire. Afin, d’une part, de contribuer à une meilleur régulation des marchés et, d’autre parte de crée de la valeur ajoutée, cette industrie constitue un débouché majeur pour la production agricole malagasy. Sur le plan national, les produits agricoles transformés localement peuvent concurrencer les produits importés. Ainsi, la forte croissance démographique, l’urbanisation avec l’implantation des supermarchés dans les principales régions et l’apparition de grandes unités de consommation favorisent-t-elle le développement de la grande distribution, ainsi que la consommation de produits alimentaires, et plus particulièrement las produits agricoles transformés, répondant aux normes et qualités exigées par les consommateurs.

DU RIZ EXPORTÉ VERS LES USA

En raison de sa faible production, Madagascar doit encore importer près de 300 000 tonnes de produits alimentaires, y compris le riz. Le pays produit 4 millions de tonnes de riz par an, et en export 2 000 tonnes par an vers les USA, la France, l’Italie et Mayotte. L’exportation de grains secs est un secteur encore mal exporté à Madagascar malgré le fort potentiel et les demandes sur le marché international. Le pays produits 133 000 tonnes de pois du Cao par an, 370 000 tonnes de maïs (la variété jaune, blanc, et rouge). Pour ce qu’est de l’oignon, sur les 7 000 tonnes qu’il produit, 6 000 sont exportés vers l’île Maurice.

Suite à la faiblesse de la transformation et de la production agricole, les biens alimentaires tiennent encore une grande place dans l’exportation du pays. Durant les 6 premiers mois de 2014, la valeur de ces importations hors riz s’élève à 581 572 millions d’Ariary (ou 240.9 million de dollars), soit une augmentation de 18.7% par rapport à l’année 2013. Les importations du riz se chiffrent à 277 824 millions d’Ariary (environ 115 million de dollars) au premier semestre 2014. Concernant l’exportation, le volume total pour les six premiers mois de 2014 s’élève à 546 945 millions d’Ariary (226.5 millions de dollars), soit une augmentation 6.4% par rapport à l’année précédente. Le blé, le sucre et l’huile alimentaire constituent les trois premiers produits d’importation de Madagascar tandis que le girofle, la vanille et les huiles essentielles occupent les trois premiers postes pour les produits d’exportation.

DES FRUITS DE TOUTES LES ESPÈCES

Madagascar est un pays à fort potentiel agricole et riche en production fruitière. Il cultive la plupart des espèces fruitières tant tropicales, semi-tropicales (bananes, litchi, mangue, agrumes, ananas, papaye) que tempérées (pomme, poire, pêche, prune, fraise…) ou exotiques (raisins, pok-pok, melon, noix de coco,…). Dans l’ensemble, la structure d’exportation fruitière et limitée à la cueillette, estimée à 80% de production (c’est le cas des mangues) et à la culture de quelques pieds, équivalant à 15% de la production (cas des agrumes, des kakis, des pêches…)

Certains fruits sont néanmoins cultivés industriellement comme les pommiers mais il ne constitue que 5% de la production. En général, les fruits tempérés se trouvent principalement sur les Hauts-plateaux, tandis que les fruits semi-tropicaux et tropicaux sont localisé sur la coté Est, dans le Nord-ouest et le nord. Les pays destinataires des fruits frais malagasy sont principalement les îles sœurs (La Réunion, Maurice) et la France. Une forte demande des USA est notée pour les produits exotiques. Le principal fruit exporté est le litchi dont celui de Toamasina qui concentre 43.77% de la production nationale. Vient ensuite Fianarantsoa avec 32.59%. En général, les prix du fruit aux producteurs sont faibles. Une des faiblesses de la filière fruit à Madagascar réside surtout au niveau de l’insuffisance des intrants pour la fertilisation et les traitements phytosanitaires. Ce que entraîne une faible productivité car la plupart des vergers sont vétustes ne sont guère entretenus.

UN BREF APERÇU DE LA CULTURE FRUITIÈRE

  • Le pok-pok présente un potentiel de production encore sous-exploité. La production nationale est estimée à 20 tonnes de fruits récoltés entre décembre et juillet. Ce fruit se prête à la confiture, à une cuisine avec des touches originales, etc.
  • Les pommes et les pêches se cultivent principalement dans les régions de Vakinankaratra et d’Amorin’i Mania (Centre), avec un rendement respectif moyen de 10 et de 12t/ha. A Antsirabe II, dans la localité d’Ambano, on recense 60 grandes exploitations industrielles de pommiers.
  • Les grumes (orange, mandarine, clémentine) sont notamment produits dans l’Amoron’i Mania. On en trouve également dans les régions du Menabe et du Boeny (Ouest et Nord-ouest). Le rendement varie de 20 à 40 t/ha suivante l’arbre et la variété. Madagascar compte 433 907exploitationd d’agrumes.
  • Les mangues dont la production tourne autour de 201 000 tonnes, approvisionnent pour 50% de la production des régions du Boeny, de la Sofia et de Diana (Nord). Et on y rencontre des variétés de mangue adaptées à la transformation. Il s’agit de la gamme sans fibre et de bonne qualité. Pour le cas de la région Diana, elle compte plus de 4 000 ha de plantation de manguiers représentent actuellement 50% des fruits tropicaux importés par les pays occidentaux, seuls 3% de la production de mangues de Madagascar sont exportées. Un manguier peut produire jusqu’à l’âge de 60 ou 80 ans. Les rendements sont très variables en fonction de l’âge et de la variété allant de 50 à 500 kg par arbre et par an.
  • La banane est ce fruit présent en toutes saisons. Las côtes Est (région Antsinanana) et Nord-ouest (région Boeny) sont les principales zones de production. L’effectif des exploitations est environ de 1172 340 avec un rendement moyen de 50-60 t/ha.
  • L’ananas se trouve un peu partout sir l’île, sauf la côte Ouest et dans l’extrême Sud. La production n’est pas stable car varie d’une année à l’autre. Elle était autour de 51 000 tonnes à partir de 1999 jusqu’en 2009. Sa culture est essentiellement destinée au marché local et aucune culture industrielle n’est enregistrée jusqu’ici. La variété Victoria est très cultivée dans la région Sud-est avec la technique traditionnelle ou en cultures associées avec les maniocs ou les caféiers. Dans ce cas-là, elle est surtout utilisée pour délimité les parcelles. La culture d’ananas est aussi pratiquée dans le système d’agroforesterie. La variété Cayenne est la plus cultivée à Madagascar, mais dans d’autres régions comme le Sud-est, c’est la Victoria qui prédomine. Le rendement moyen varie de 50 à 90% t/ha. Selon la saison, le prix de vente d’une pièce, varie considérablement. Pour un ananas mûr de taille moyenne, le prix au producteur varie de 100 Ariary (0.04 dollar) de décembre et février, jusqu’à plus de 700 Ariary (0.2 dollar) entre mai et juin.

DES LÉGUMES D’IMPORTANCE ÉCONOMIQUE

Grâce à ses zones agro-climatiques très variées, Madagascar cultiva la plupart des espèces légumières. La culture maraîchère malagasy compte peu d’espèces tropicales et endémiques. Les principales espèces d’importance économique sont représentées par la tomate, l’oignon, le haricot sec, le chou et la carotte, ainsi que le haricot vert extra-fin et le pois mange-tout. La majorité des producteurs sont des petits planteurs et se regroupement au sein d’une association. Ils développent leurs activités soit à l’échelle industrielle et encore rare.

  • Les carottes : la Vakinankaratra est la principale productrice de ce légume. Le rendement moyen est estimé à 5_8 t/ha. La production annuelle est de 5200 tonnes sur une superficie de 1 040 ha.
  • Les pommes de terre : cette filière est très développée grâce aux actions de recherche et de vulgarisation de l’organisme de développement FIFAMANOR et du centre national de recherche appliquées au développement (FOFIFA). Les principales zones de production sont le Vakinankaratra (54% de la superficie totale cultivée), l’Analamanga et l’Amoron’i Mania (11% de la superficie total). Le rendement moyen en culture de contre-saison est de 15 t/ha et peut atteindre 30 t/ha en culture améliorée dans la région Vakinankaratra.
  • Les tomates : les régions productrices sont la Vakianankaratra, la Daina, Boeny et l’itasy (Cebtre-ouest). Les variétés cultivées sont les types marmande, roma, tomate cerise. Sur une superficie de 722 Ha, la production nationale est estimée à 22 000 tonnes par an avec rendement moyen de 30 à 50 t/ha.
  • Les oignons : ils sont surtout cultivé dans les régions Vakinankaratra, Analamanga, Amoron’i Mania et Boeny. La filière devrait figurer parmi les secteurs censés relever le défi de l’exportation. Une étude classe l’oignon dans la catégorie des « produits à grande priorité » pour le développement de l’économie malagasy. Le rendement moyen et de l’ordre de 10 à 20 t/h. La production annuelle nationale est de 5800 tonnes sur une superficie de 580 Ha.
  • Les arachides : la zone de production se situe surtout dans les régions Menabe et Sue-ouest. La région Boeny en cultive également. La production annuelle nationale est de l’ordre de 35 000 tonnes. Le besoin en huile d’arachide est estimé à plus de 3 000 tonnes/an.
  • Les pois de Cap : la zone de production principale est la région Menabe. C’est une filière porteuse. La production nationale est de 7 210 tonnes. Le rendement est de l’ordre de 1.2 à 2 t/ha.

La transformation des fruits et légumes concerne essentiellement la production de confitures, de fruit au sirop, de jus naturels et également d’achards de légumes, brèdes et cèpes. On assiste à une progression du nombre d’unité de transformation qui restent encore artisanales. Une soixantaine de producteur sont regroupés au sein de l’Union des producteurs de fruits et légumes (UPFL) qui transforme annuellement environ 1 500 tonnes de fruits et légumes en confitures destinées au marché local et à l’export. Le principal opérateur de l’UPFL et CODAL, qui transformé 120 tonnes de fruits et légumes par an.

75% des unités de transformation de fruits et légumes dans l’océan Indien se trouvent à Madagascar où on note près de 15 000 tonnes de conserves de fruits exportés, 4 000 tonnes de conserves d’ haricots verts, et 800 tonnes de confitures de fruits.

UN MARCHE A CONQUÉRIR POUR LAIT

La consommation de lait et ses dérivés est encore faible à Madagascar et tourne autour de 5 litres par Habitant par an, contre 25 litres pour l’Afrique et 255 litres en France. Les besoins de la Grande île évolués à 100 millions de litres de lait par an. Le pays a un climat de favorable pour l’élevage de vaches laitières. Le pâturage est vaste et malgré l’abondance de la race locale, il compte des races exotiques. Selon les estimations, la production de lait dans le pays est estimée à environ 50 millions de litre par an. Le développement de la filière pourrait se faire si les paysans sont mieux encadrés. Après la chute en 2009 di géant de l’agro-industrie, Tiko, qui occupait plis de 50% du marché, on e vu émerger deux grandes sociétés, en l’occurrence Food and Beverages et SOCOLAIT.

Le marché est encore vaste vu la prolifération des unités artisanales, qui sont loin de répondre aux normes. Dans la région Analamanga, l’industrie du lait est dominée par les entreprises individuelles qui représentent 93% des entreprises de transformation. Le production laitière moyenne est faible et tourne autour de 4.5 litres par vache par jour. Et la majeure partie de cette production est auto-consommée. L’introduction de races améliorées a permis de développer et d’améliorer la production de lait. La production quotidienne par type d’exploitation varie de 2 à 40 litres. La production laitière est assurée par environ 12 000 éleveurs dont 90% sont petits producteurs possédant moins de 5 vaches. Cette production se situe autour des régions appelées « triangle laitier » constitué par les zones Nord, Sud et Centre. Elle est actuellement estimée à 32 millions de litres, soit près de 72.3% de la production nationale.

LE CACAO DE QUALITÉ SUPÉRIEURE

Du fait de la qualité supérieur du cacao de Madagascar, le pays vise surtout de marché de niche à l’export. A plusieurs reprises, le produit du pays a reçu des pays internationaux. Le cacao de Madagascar est l’un des meilleurs du monde avec des caractéristiques organoleptiques très appréciées par les chocolatiers. La vallée di Sambirano dans le Nord est la principale zone productrice de Cacao. Le cacao issu de cette région est l’un des plus prisés du marché du haute de gamme. Madagascar a obtenu le label « cacao fin » de l’Organisation internationale di cacao (OIC). Cette qualité est liée aux caractéristiques du sol, à la variété du cacao et surtout aux pratiques de récolte (cabosses à maturité) et au traitement post-récolte (fermentation et séchage). Le pays produit en moyenne 6 000 tonnes de cacao par an.

Source : Revue Entreprendre à Madagascar